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Libération
Critique

Quête de mule

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Sur une passeuse de coke, «Maria...» est un témoignage à charge.
publié le 8 décembre 2004 à 3h23

Déjà trimbalé dans divers festivals de renom (Sundance, Berlin, Deauville), Maria pleine de grâce y a effectué une moisson compréhensible de récompenses (prix du public par-ci, meilleure actrice par-là). Mais si le film a su attirer l'attention ainsi, il faut admettre que ça n'est pas tant en raison de son cachet cinématographique intrinsèque que du thème disséqué : le sort pathétique des mules, ces personnes (des femmes en général) issues de couches populaires qui, pour fuir la misère, acceptent de planquer de la drogue dans leur estomac, contre une grosse poignée de dollars. Certaines réussissent, beaucoup se font pincer par les douanes, dans cette partie de cache-cash Sud-Nord, qui comporte aussi son lot de «dommages collatéraux» (un sachet d'héroïne ou de cocaïne qui se perce et adios).

Endémique. A partir de ce sujet, désastreusement endémique (14 512 arrestations en 2002-2003 à l'aéroport JFK de New York, chaque convoyeur pouvant gober un bon kilo de poudre), l'Américain Joshua Marston ­ qui débute dans la réalisation ­ focalise son attention sur une jeune femme à la beauté triste, qui se résigne à effectuer le trajet Bogota-New York. C'est-à-dire du dénuement ensoleillé de son pays natal (bien que le tournage ait été délocalisé en Equateur, pour raison de sécurité) à la diaspora colombienne vivotant en Amérique sur fond de système D solidaire.

Volontairement démonstratif, le film pèche par un côté témoignage à charge, qui occulte la moindre zone d'ombre et, emporté dans