Saint-Sébastien envoyé spécial
Après-midi grise de début novembre. Ils entrent dans lle vieux quartier de Saint-Sébastien. Les trois hommes portent barbe, anneaux dans le nez, boucles aux oreilles. L'un d'entre eux s'est rasé une partie du crâne pour ne laisser des cheveux qu'au-dessus des oreilles, comme deux accents circonflexes. La chevelure des autres tombe sur les épaules. Une jeune femme les accompagne, menue et enveloppée dans une cape de velours sombre, aussi pâle que Blanche Neige. Ils se dirigent vers la calle Major, la grande rue où se trouve le cinéma Principal. C'est dans ce théâtre à l'italienne, dont la façade est dominée pour la circonstance par une araignée de métal de douze pieds, qu'est programmée la séance du jour de la XVe semaine de cinéma fantastique et de terreur de Saint-Sébastien (1). Elle est consacrée au court métrage fantastique espagnol. Trois heures et des miettes, une longue session comme les aficionados les aiment. Comme la nuit d'horreur qui commencera le lendemain, à l'heure où les vampires sortent de leur tombe, et se terminera quand il sera temps de planter ses canines dans les croissants du matin.
Dessins animés. Au Principal, un public dense s'installe dans un joyeux désordre. Le silence se fait quand la lumière s'éteint. Une jeune fille présente le premier court métrage. Les spectateurs, avant tout des jeunes mâles au sortir de l'adolescence, commencent à murmurer puis les quolibets fusent. Mais le programme sera regardé avec la plus gra