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Libération
Interview

«Téhéran explose de désir»

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publié le 8 décembre 2004 à 3h23

Mitra Farahani fume des Gitanes blondes. Hormis cela, tout est brun chez elle: manteau et vêtements noirs, cheveux de suie, grands yeux sombres. Ceux d'une fille «qui ne se connaît pas». Ce qui est toujours un bon début, quand on part à la connaissance des autres... «Je suis peintre, à la base. Certains pensent qu'il vaudrait mieux que je me cantonne à la peinture plutôt que faire des films (rires). Pour moi, il y a continuité: mes tableaux représentent la sexualité, mes films ne parlent que de ça. La différence est dans la démarche: peintre, je suis dans la solitude de l'atelier. Alors que cinéaste, je suis tournée vers la fenêtre.»Laquelle est orientée vers l'Est, avec Téhéran pour horizon, où elle est née il y a trente ans, au sein d'une famille religieuse appartenant à la classe moyenne.

«Sans regrets». A quatorze ans, elle convainc sa mère de l'inscrire dans une école d'art pour y approfondir son don pour le dessin. Là, elle fera la découverte d'un milieu libéral, microsociété souterraine vivant à l'occidentale. A 23 ans, elle profite de l'obtention d'une bourse pour quitter Téhéran, occupe pendant deux ans un atelier à la Cité des arts de Paris: «En arrivant d'Iran, vu la vie que je menais là-bas, le milieu que je fréquentais, je n'ai pas eu de choc culturel. J'étais juste hallucinée par la façon dont on percevait l'Iran de l'extérieur.» Puis elle fait les Arts-Déco où elle découvre la vidéo. «En quatrième année, j'ai disparu deux mois pour tourner en Iran mon "grand pr