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Interview

Gérard Depardieu «Grâce à Téchiné, je m'envole. Il me donne la paix»

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Gérard Depardieu dit renaître avec «les Temps qui changent», film qui lui permet de «brûler enfin», de jouir de sa «maturité».
publié le 15 décembre 2004 à 3h29

Recevant dans son restaurant parisien, la Fontaine Gaillon, plus particulièrement dans le salon Empire (Ming, avec estampes chinoises érotiques afférentes), Depardieu, 56 ans dans quelques jours, est tout feu tout flamme. Il évoque Téchiné, Les temps qui changent, l'amour fou tel qu'il le joue, et son propre «droit à une seconde chance».

Je suis fier de ma connerie. «J'aime ce film de toutes mes forces. Il y a peu d'auteurs aujourd'hui, il n'y a plus d'auteurs, et Téchiné voisine pour moi avec Rossellini, Satyajit Ray ou Pialat. Ce film me bouleverse, par les êtres, par son mouvement, sa maturité. Comme un brusque changement de couleurs. C'est Renoir qui parlait de ça avec Rivette, dans un film superbe, le Patron, cette façon de "passer à la couleur". J'ai fait tellement de conneries, beaucoup de merdes, et tourner d'un coup ce film... Autant je revendique mon droit à la connerie, autant j'ai été content de faire ce film-là. Je suis fier de ma connerie car j'y vais à fond, par appétit. La vie est comme ça, et il faut remplir la cassette. Je ne bois plus, mais quand parfois je m'y remets, je redeviens con très vite. Je passe du "pourquoi pas ?" au "à quoi bon...". Guillaume (son fils, ndlr) est aussi comme ça, et il est allé très loin vers ça, et vers la fragilité. Il en devient génial, c'est Rimbaud. Moi, je ne suis rien à côté, car je suis un paysan, je garde la santé dans la déchirure.»

Ma vie pontagée. «Peut-être fallait-il passer par toute