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Libération

De Mille au-delà du mythe

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Le cinéaste conservateur sort grandi d'un hommage à Los Angeles.
publié le 22 décembre 2004 à 3h35

Los Angeles correspondance

Etrange hommage rendu à Cecil B. De Mille l'autre soir dans le décor approprié (égyptien) de l'American Cinematheque sur Hollywood Boulevard. La salle était pleine, mais moins des cinéphiles habituels que de gens venus d'on ne sait où pour rendre hommage à un homme qu'ils aimaient. Ce qui peut paraître surprenant, vu la réputation du bonhomme.

«Tyrannique», «primaire», «kitsch», «antisémite», «crassement commercial», «sadique», c'est ce qu'on a toujours entendu à son propos. Et sa stature historique n'a pas survécu au fameux épisode survenu à une réunion extraordinaire de la Directors Guild of America, lorsque De Mille et ses alliés de droite tentèrent d'évincer le président du syndicat, Joe Mankiewicz, et d'imposer aux membres de prêter serment de fidélité à la patrie. La scène a été mainte fois racontée par les protagonistes («My name is John Ford. I make westerns...»). Mais ce soir-là, un documentaire de Kevin Brownlow et la projection d'une copie restaurée d'un des meilleurs muets de De Mille, The Golden Change (1915) viennent apporter de l'eau à un moulin tout autre que celui prévu, tant sur l'homme De Mille que sur ses films.

On ne changera jamais d'avis sur la confiserie hystérique de Samson et Dalila, ni le comique grandiose des Dix Commandements et leurs dizaines de milliers de juifs joués par des soldats de Nasser, emmenés dans le désert par Charlton Heston aux accents de Onward Christian Soldiers, cantique baptiste vermoulu mais éprouvé, im