C'était en 1998, dans l'automne encore ensoleillé d'un festival à Beyrouth, l'éclosion simultanée d'une poignée de cinéastes libanais creusant chacun un sillon personnel : Ghassan Salhab, Akram Zaatari, Ziad Douerri, Khalil Joleige et Joana Hadji-Thomas... Parmi eux, une pasionaria brune, Daniele Arbid, née en 1970 au sein d'une famille de joueurs de poker, ayant passé la plus grande partie de la guerre à Beyrouth-Est avant de «commencer une autre vie» en 1987 en s'exilant à Paris où elle se fera, un temps, journaliste.
Son court métrage Raddem, où une jeune femme courait les rues sur la trace d'un souvenir enfoui, a vite été suivi de «documentaires relevant de l'antijournalisme», où elle traquait l'amnésie du Liban (Seule avec la guerre). Le prix Albert Londres audiovisuel qu'elle reçoit en 2000 ne l'oblige pourtant à aucun destin documentariste : dès lors, elle alternera docus enragés (Aux frontières), fictions teintées de politique (le Passeur, Etrangère) et vidéos tournées vers l'intime (Nous, Conversations de salon) ; quand elle ne donne pas de son temps au festival de films expérimentaux Né à Beyrouth. On a appris à s'y faire : l'impromptu est le caractère même de ce cinéma incessant, fait de déplacements vifs, pliant la carte d'état-major sur celle du Tendre.
Défiance. Il serait vain alors de décrire Dans les champs de bataille comme un premier film. Ce serait enfermer celle qui n'y tient pas. Comme chez Akerman ou Kawase, Arbid revendique le passage permanent de toutes