La vie de Guy Maddin est tout sauf un long fleuve tranquille. Du moins si l'on en croit son avant-dernier film, que le réalisateur canadien présente comme «une autobiographie pure». Dans Et les lâches s'agenouillent..., un hockeyeur du nom de Guy Maddin conduit sa petite amie chez un avorteur clandestin, la largue pour une femme fatale (Melissa Dionisio) qui, comme dans les Mains d'Orlac, lui greffe les mains d'un mort pour commettre un meurtre, puis se retrouve en concurrence amoureuse avec son propre père.
C'est vrai, tout ça ? «Psychologiquement authentique, assure le cinéaste né à Winnipeg en 1957. Ces souvenirs, réels ou fantasmés, sont dans le film parce que, aujourd'hui, j'ai l'impression qu'ils auraient pu être vrais. Ainsi, pour l'allusion aux Mains d'Orlac, une métaphore pour ma propre incapacité à faire ce qu'il faut, à assumer mes actes : j'ai souvent pensé que l'échec de mes relations amoureuses ou amicales n'était pas de mon ressort, que j'agissais contre ma propre volonté.» Avant de préciser énigmatique : «J'ai écrit une autobiographie où le personnage qui me représente n'est pas moi. Sur le tournage, je me suis rendu compte qu'il y avait différents fragments de ma personnalité chez tous les personnages.»
Vrai ou faux, Et les lâches s'agenouillent... comblera les fans de Guy Maddin, en pleine repossession de ses moyens esthétiques après le demi-échec de Twilight of the Ice Nymphs : sa relecture en super-huit du cinéma muet, sous influence du David Lynch d'Eraser