Le Silence, c'est celui d'Olivier. De retour au village maternel, comme chaque automne pour la chasse au sanglier, le jeune homme (Mathieu Demy) a amené sa fiancée, Marianne (Natacha Régnier) enceinte de trois mois. Dans cette vallée enchâssée de pics brumeux, sillonnée par les battues d'hommes en tenue de camouflage, Olivier trouve le reflet de son paysage intérieur. Taraudé par la vie qui s'annonce dans le ventre de Marianne, mais aussi par le vieux désir de se fondre dans ce groupe de chasseurs. Devenir père ou devenir un homme comme eux, la déchirure semble originelle pour Olivier. Elle reste intime et muette, jusqu'à ce qu'un fait divers pulvérise les sentiments du jeune homme.
Chez certains peuples, les futurs pères pratiquent la couvade. Pendant la grossesse, ils miment ce qui arrive à leur femme, s'isolent, se ferment sur eux-mêmes, ressentent même des nausées. Jusqu'à la délivrance. Ce curieux état, qui intronise porteur de vie et qui isole du monde, c'est celui qu'engendre Orso Miret.
Archaïsme. Comme dans De l'histoire ancienne (prix Gérard Frot-Coutaz au Festival de Belfort en 2000), le jeune cinéaste réalise là un film puzzle qui avance en piétinant, en fouissant des sols archaïques. Ceux de la violence, de la transmission, de l'origine ou de l'amour. Dans cet état second qu'Olivier couve, le fait divers intervient comme une décharge. C'est une caissière qu'on assassine sous ses yeux une femme qu'il voyait là pour la première fois. Coup de foudre saisi en coup d