Donc, les enfants n'oublient jamais rien. C'est même un principe chez eux : tout enregistrer à la hâte, une vie ensuite à vomir cela en batailles multiples. Un adulte reste un enfant qui refuse de pardonner. Dans les champs de bataille est un film sur l'adolescence, à ce qu'il paraît. Le film d'une cinéaste de 30 ans qui se souvient, avec toutes les déformations que cette mémoire folle sous-entend, du paysage qui s'offrait à ses yeux lorsqu'elle avait 13 ans, au début des années 80.
Les «champs» du titre, ce sont ceux-là : moins les rues de Beyrouth-Ouest saccagées par la guerre civile que la même ville le même jour, prise sous les feux d'une autre guerre, guerre de petites filles envieuses, dans le périmètre de trois rues pilonnées par le champ de vision. Point de vue féminin, donc, d'une mioche (Lina) tout à l'égoïsme de ses caprices : aimer Siham la servante et, par sa procuration, accéder à une vie de femme.
Survie. Aucun cessez-le-feu à ce désir-là, les guerrières sont des obsessionnelles, la soldate de 13 ans voit le monde en feu depuis son balcon (où un garçon lui aussi en feu fait tomber sa tête à la renverse en se caressant), ne plus regarder que ça, en petite sniper partiale, laissant derrière elle tellement de hors-champ, tellement de ruines et de douleurs (un chien qu'on descend dans la nuit parce qu'il jappe la gueule ligotée entre deux barreaux, un père accro au jeu, et un pays entier qui fait la guerre) que cela prend l'air salutaire d'une oeuvre qui ne cache pa