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Libération
Critique

«L'Autre Rive», sang et sud

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Le jeune David Gordon Green mêle poisse et lyrisme naturaliste.
publié le 5 janvier 2005 à 23h25

L'autre Rive (Undertow) est le troisième film de David Gordon Green, cinéaste américain de 29 ans remarqué en 2000 avec son premier film, George Washington. Green est un des outsiders du secteur indé US, il a failli accéder à un niveau de production élevé en bossant sur l'adaptation de la Conjuration des imbéciles, le roman culte de John K. Toole, dont Steven Soderbergh détient les droits. Un sac de noeuds tel que Green, après d'autres, aurait à son tour jeté l'éponge.

Il est depuis ses débuts un protégé de Terrence Malick, qui a coproduit l'Autre Rive et aurait fait office de conseiller occulte une bonne partie du tournage. Green semble d'ailleurs ravi de ce parrainage que d'autres auraient pu trouver encombrant ou intimidant, sa cinéphilie vorace le portant à aimer surtout le cinéma américain des années 70, celui de Badlands de Malick bien sûr, mais aussi, références moins évidentes, de Macon County Line de Richard Compton ou de Grand Theft Auto de Ron Howard.

Vengeance. Travaillant sur le scénario de John Conway, un fameux prof de littérature anglaise à Austin, s'inspirant lui-même d'un fait divers réel, Green a voulu rendre hommage à un genre de série B stylée, pour mieux en faire éclater les cadres prescriptifs. Ainsi l'Autre Rive est basiquement un thriller ­ il raconte la fuite éperdue d'un ado, Chris, et de son jeune frère, Tim, poursuivis par leur oncle Deel qui vient de massacrer leur père sous leurs yeux pour solde de tout compte d'une ancienne trahison. Green s'emp