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Libération
Interview

Mes dates clés, par Atiq Rahimi

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publié le 5 janvier 2005 à 23h25

"5 janvier 2005. Sortie de Terre et Cendres : défi d'adapter mon propre roman. Ce n'est pas un problème de trahison : l'homme est né par la trahison. Mais comment des spectateurs peuvent-ils accepter l'imaginaire d'un autre ?

12 octobre 2004. Je présente mon film à Kaboul, à l'Ariana, devant un public mixte, sans couper les scènes de nudité. En Afghanistan, cela reste une représentation frontale et dure. Pour moi, filmer ces scènes a été un acte politique et obsessionnel. La projection s'est parfaitement passée.

13 septembre 2003. Premier jour de tournage. Mille et une questions dans la tête. Dans les montagnes du nord de l'Afghanistan, entouré de quelques Français et de cinquante Afghans, de toutes les tribus, de tous les sexes, de toutes les tendances politiques, j'ai commencé par le premier plan, le plus chiant : 1 min 30 de vide, puis un camion apparaît, et la caméra le survole grâce à une grue donnée par les Allemands aux studios Afghan Films.

15 janvier 2002. Après dix-huit ans d'exil, je repose le pied dans ma ville natale de Kaboul. La piste d'atterrissage est entourée de carcasses d'avions et le reste n'est que ruines. Un rêve ? La première chose «réelle» fut un vers de poésie, inscrit sur le pare-brise de la navette de l'aéroport : «Ceci aussi passera.» Ce poème réactivait dans mon esprit un vieux récit afghan, l'histoire d'un roi demandant à un artiste de lui fabriquer une oeuvre qui le rende triste quand il serait joyeux, et joyeux quand il se trouverait triste. La