Il y a foule, littéralement, pour s'amasser depuis un mois dans la grande salle de Beaubourg. Une foule que ne dissuadent ni les dindes aux marrons, ni la diffusion simultanée de certains Minnelli sur le petit écran, qu'il soit câblé (TCM) ou pas (Brion, qui voue une fidélité de toujours au cinéaste, a calé synchrone son ciné-club de France 3 sur le Centre Pompidou). Evénement de l'hiver, la rétrospective Vincente Minnelli est en train de reconfigurer le profil que l'on croyait arrêté du néocinéphile du XXIe siècle. Celui que l'on décrivait jusque-là comme un joyeux nerd désespérant, gavé de dvd, se redéploie soudain en extérieur nuit et en souffle long, se lançant à nouveau dans des états des lieux complets d'une oeuvre, se foutant des réputations déjà faites par les générations précédentes sur le compte de tel ou tel film. Une cinéphilie (jeune et mixte) qui redemande de l'expérience en salles (sans s'opposer, tout au contraire, au dvd qui lui a sans doute réindiqué le chemin) et pour qui Minnelli est une aubaine : peu de cinéastes exigent à ce point un écran bigger than life, un éclat parfait (flamboyance, le mot semble avoir été inventé pour lui), une salle pleine, pour que la séquence trouve dans l'écho immédiat que lui donne la masse anonyme ce frisson collectif sans quoi le cinéma, au sens hollywoodien du terme, reste incompris. Minnelli appelle une jouissance partagée, et l'auteur de Tous en scène est assez peu le fétiche d'un plaisir solitaire. La sociologie du
Critique
Minnelli et une nuits
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par Philippe Azoury
publié le 5 janvier 2005 à 23h25
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