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Critique

Miyazaki, le seigneur du «Château»

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Neuvième long métrage du maître japonais de l'animation, «le Château ambulant» fait feu de toutes les métamorphoses : âge, lieu, temps, apparence... Grandiose.

Publié le 12/01/2005 à 23h35

Le désir d'Hayao Miyazaki d'adapter le roman de l'anglaise Diana Wynne Jones, Howl's Moving Castle (le Château de Hurle, éditions Le Pré aux clercs), ne repose pas seulement sur une proximité superficielle entre l'animateur japonais et cette romancière beaucoup moins connue que la triomphante Joanne Kathleen Rowling (Harry Potter), bien que Jones ait précédé celle-ci dans le genre de la fantasy enfantine peuplée de magiciens et de sorcières. Quand on examine leurs biographies respectives, on s'aperçoit que Jones, née à Londres en 1934, a gardé un souvenir traumatisant des bombardements sur la capitale anglaise, affirmant qu'elle s'est mise à écrire «parce que le monde avait basculé dans la folie alors qu'[elle avait] 5 ans». Miyazaki, né à Tokyo en 1941, est lui aussi obsédé par la guerre.

«Arrêtez la voiture». Dans une conférence stupéfiante prononcée au festival de Nagoya en 1988, il raconte que sa famille, à la tête d'une entreprise fabriquant bombardiers et armes, prospérait pendant le conflit tandis que le pays courait à la ruine kamikaze. A 4 ans et demi, en juillet 1945, la petite ville d'Utsunomiya est réveillée par le fracas des bombes américaines. L'oncle, président de la Miyazaki Factory, évacue ses proches dans une camionnette. L'enfant Hayao est caché sous une couverture mais il entend une femme portant un bébé suppliant qu'ils l'emmènent avec eux. L'oncle reste sourd à sa demande et appuie sur l'accélérateur. «Après toutes ces années, j'ai compris que je voulais