Blue-jean, cheveux longs, semblant perpétuellement sur le point d'être emporté par d'amples rêveries personnelles. Difficile d'imaginer que Lee Chang-dong, 50 ans, fut ministre de la Culture depuis 2003 et jusqu'à très récemment. Ecrivain devenu cinéaste à la quarantaine, il fut assistant de Park Kwang-soo et proche du mouvement étudiant d'où jaillirent les cinéastes des années 80 agitées, dont parle son plus beau film, Peppermint Candy (2000). La rétrospective de Chaillot, qui l'a invité pour l'occasion, propose également Green Fish, (1997) et Oasis ( 2002).
Comment expliquer la vitalité du cinéma coréen ?
Le changement s'est produit en 1988, lorsque les Etats-Unis ont pu distribuer leurs films en Corée sans passer par les importateurs nationaux. ça a été un choc terrible, l'industrie traditionnelle du cinéma s'est effondrée. En 1993, vingt films seulement ont été réalisés. Depuis, les cinéastes coréens ont fait un effort collectif. Avec soixante-dix films en 2004, on peut affirmer qu'on résiste de nouveau à l'Amérique. Les salles consacrent encore aujourd'hui un quota de jours annuel au cinéma national, ce n'est pas du protectionnisme mais une politique protégeant l'identité nationale du cinéma et la diversité culturelle. Pour autant, ce système est menacé par la pression américaine. De toute façon, la vitalité du cinéma coréen s'explique principalement par la nouvelle liberté d'expression. Il n'y a plus de tabou.
Jusqu'à la fin des années 80, les intellectuels et les étudian