Une utopie brisée au Chili. Pour son troisième film, Andrés Wood raconte les derniers mois du gouvernement Allende et le coup d'Etat du général Pinochet à hauteur d'enfant. Celui qu'il était en 1973, quand le collège privé qu'il fréquentait avec d'autres fils de la classe moyenne supérieure intégra les défavorisés des bidonvilles, avant que les soldats ne rétablissent l'ordre social. Dans le registre du film initiatique, Mon Ami Machuca fait souvent penser à Au revoir les enfants de Louis Malle, qu'il cite : mêmes scènes d'école entre amitié et vacheries, même pari de se limiter au seul point de vue d'un petit garçon qui découvre le monde des adultes, ses émancipations et ses horreurs.
«A vie». «Faire d'un enfant le témoin unique des événements, sans jugement, donne beaucoup de liberté pour raconter l'histoire et, plus encore, pour jouer sur le hors-champ», explique Andrés Wood, quadragénaire aux allures d'étudiant sage. Il n'avait que 8 ans en 1973, mais reconnaît avoir été «marqué à vie» par l'éphémère cohabitation entre les riches et les pauvres lancée par le recteur américain du collège, le père Whelan : «Ce fut une expérience enrichissante, parfois cruelle, et remplie de contradictions, comme tout ce que le Chili vivait alors. Mais une expérience merveilleuse, avec un sentiment de liberté et de bonheur que j'ai voulu faire ressentir dans le film : un court instant, la rencontre entre deux univers, habituellement séparés et cloisonnés, fut possible. Trente ans après, le p