Vienne correspondance
Au palais Todesco, les décorateurs n'ont dû rajouter que peu d'éléments pour faire revivre la Vienne fin de siècle et le Paris de l'exposition universelle de 1900 : salons richement décorés, lourdes boiseries, dorures et colonnes de marbre, fresques opulentes. Raoul Ruiz, moustache blanche et cigare à la main, a une présence discrète, donnant ses indications à voix basse. «Nous parlons français, comme ça je comprends tout !» lance John Malkovich, dans le rôle du peintre Gustav Klimt pour sa troisième collaboration avec le cinéaste franco-chilien. «C'est une fantaisie, au sens musical, une sorte de rêverie, à la manière de Schnitzler, dit Ruiz. J'aime beaucoup Schnitzler et sa manière de raconter des histoires : insaisissable, oblique, et j'aime faire ce genre de pastiches littéraires, imiter des styles.»
Onirisme. Dans Klimt, le peintre est sur son lit de mort. Nous sommes en 1918 : il revit les principales scènes de sa vie. «Il imagine sa vie...», corrige Ruiz : univers onirique, si typique. «Tous mes films se passent après la mort.» Mélange de personnages et d'événements réels et fictifs, dédoublement... C'est aussi le propre d'un système de cinéma que Ruiz affectionne, où tout communique et tout s'imbrique dans un labyrinthe baroque : Klimt n'est-il pas une coproduction austro-franco-britannico-allemande ?
C'est Ruiz lui-même qui a choisi Malkovich, qui s'est laissé pousser la barbe. «La ressemblance physique est stupéfiante, avoue le cinéaste, mais aus