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Libération
Critique

Treilhou en plein choeur

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La cinéaste filme l'apprentissage et les tâtonnements d'une chorale d'amateurs.
publié le 2 février 2005 à 0h19

La France chante, on le sait. Les chorales refusent du monde. Au cinéma, elles sont sujet (l'inévitable les Choristes), verbe et complément (dans les Sentiments, de Noémie Lvovsky, par exemple). La télé s'y intéresse, dans des reportages pressés. Bref, les chorales, on en cause mais on n'en sait pas grand-chose dans le fond. Puis voilà que Marie-Claude Treilhou entreprend de filmer dans la durée les répétitions d'un groupe d'amateurs. Cela donne une heure et demie d'images sans commentaire, ni artifice. Qu'est-ce qui s'y passe ? Peu, beaucoup, rien. Des chefs de choeur emmènent leurs petites troupes vers une note, puis vers dix. Puis finalement vers un concert. Des gens habitent mieux leur corps parce qu'ils chantent. Il y a des regards et des mains qui s'élèvent. Une caméra patiente guette des petits états de grâce. Elle appelle un spectateur complice.

Crescendo. Regarder (et entendre) une chorale répéter n'est pas nécessairement un instant de bonheur. Mais nous avons affaire ici à des chefs de choeur extrêmement sûrs de leur chemin, et les suivre devient facile. Puis le montage sait flatter ce plaisir que nous éprouvons (généralement) à regarder des gens travailler, s'ingénier, progresser, que cela soit dans une fiction ou dans un documentaire. On scie des planches chez les Dardenne (le Fils), on fait des gestes soignés et précis chez Alain Cavalier (Vies, Thérèse...), on revient inlassablement sur les mêmes mesures chez Treilhou : cela induit un étrange bien-être.

Le docume