Menu
Libération
Critique

Fleur d'«Ulysse»

Article réservé aux abonnés
L'Irlandais «Bloom», une évocation très libre de Joyce.
publié le 9 février 2005 à 0h27

Tout aurait pu porter Sean Walsh à la modestie. Son nom, pas facile pour un prétendant cinéaste. Son Irlande natale, terre aride de la cinéphilie et pays encore novice dans l'Europe de la production de cinéma. Son sujet enfin, le colossal Ulysse de James Joyce, torrent poétique et sexuel dont Walsh voudrait embrasser les mille pages rugissantes en moins de deux heures.

Première impression. Le résultat est Bloom, d'après le nom du personnage principal du livre, premier film cahoteux et inconfortable mais de tempérament original et charmant. On pourrait juger sa mission impossible : Joyce est réputé illisible aussi bien qu'inadaptable. Bloom échappe à cette fatalité en choisissant de ne pas adapter Ulysse de front, ni de travers. Il l'évoque. Et lui fait les poches. Il l'habite épisodiquement, profite de ses situations et lui marche parfois sur les pieds. Mais Bloom atteint aussi la consistance d'une petite peinture originale et turbulente, éperdument éprise de son modèle. Largement de quoi donner envie d'en savoir plus sur son auteur, et de faire avec lui le tour de cette question : comment et pourquoi fait-on un premier film tel que Bloom ?

Premier contact. Rencontré dans le cadre prédestiné de la librairie Shakespeare & C°, Sean Walsh assume le délit d'arrogance : «Pour un premier film, choisir Ulysse, c'est une idée démesurée, folle, stupide. Mais c'est mon idée ! Ulysse est considéré comme un chef-d'oeuvre de la littérature moderne et pourtant presque personne n'a dépassé l