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Libération
Critique

Leigh, saut de langes

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Portrait d'une avorteuse anglaise dans les années 50, «Vera Drake» pâtit d'un tableau social caricatural.
publié le 9 février 2005 à 0h27

La difficulté d'avoir ou d'assumer des enfants est un thème récurrent du cinéma de Mike Leigh. On serait tenté de dire qu'il s'y attaque cette fois radicalement en consacrant ce huitième long métrage à l'avortement. Mais on sait que le réalisateur de Secrets et Mensonges se targue d'échapper aux problématiques globalisantes comme aux poncifs sociologiques. A la fabrication d'intrigues démonstratives, il préfère l'exploration, avec ses acteurs, des mécanismes intimes qui tissent le vécu des individus. Vera Drake, à cet égard, est celui de ses films qui annonce le plus clairement la couleur : c'est un portrait. Mais il serait trompeur de voir le film comme «l'histoire d'une avorteuse» : si l'héroïne de Mike Leigh se livre, dans l'Angleterre des années 50, à des avortements clandestins, il est en effet impossible de la réduire à cette seule dimension.

Une trotte-menu. Le réalisateur, en ce sens, prend le contre-pied des stéréotypes de l'époque sur les faiseuses d'anges, assimilées à d'anciennes prostituées reconverties au commerce cupide d'une dangereuse paragynécologie d'abattoir. Quadragénaire grisonnante, mère de famille joyeuse et trotte-menu, Vera Drake (Imelda Staunton) est une femme modeste et généreuse. S'activant du matin au soir, elle parvient à répandre le réconfort autour d'elle, apportant la chaleur d'un sourire et d'une tasse de thé à sa mère sénile ou à un grabataire du voisinage entre deux ménages. A l'occasion, secrètement, pour «rendre service», elle prête la m