Rotterdam envoyé spécial
Cent quatre-vingts longs métrages de toutes nationalités, des courts sur les supports les plus divers, un marché, le Cinemart, où accourent distributeurs et producteurs de films indépendants de toute la planète, une convention des nouvelles techniques au nom évocateur, Exploding Cinema... Telle est l'impressionnante offre du 34e Festival international de Rotterdam, qui s'est clos dimanche.
Maestria. Se retrouver dans ce programme ahurissant tient du pilotage à vue ou plutôt à l'ouïe : la rumeur est capitale à Rotterdam. Ainsi murmure-t-on que les distributeurs français ont flashé sur un film russe, 4 (le jury aussi, qui l'a récompensé d'un Tiger Award). L'absurdité de la vie à Moscou y est mise en scène par Ilya Khzhanovsky avec une maestria qui frôle la forfanterie. Les spectateurs de ce film étrange ne sont pas prêts d'oublier le premier épisode, qui transforme une scène de chantier en séquence de science-fiction, ni la longue discussion dans un bar entre une jeune femme qui sort d'une partie carrée, un employé du Kremlin, un spécialiste des eaux minérales et un quidam.
Beaucoup plus calme, mais étonnant et émouvant, le premier film de l'Espagnole Mercedes Alvarez, El Cielo Gira (second Tiger Award). Soit une année face à la mort lente d'un village de la région de Soria, en Castille du nord, une année passée aux côtés d'un peintre basque qui devient aveugle et de vieux villageois fatalistes, qui parlent du temps qui passe, de la mort, de la guerre en