A 79 ans, Michel Bouquet trouve son plus beau rôle au cinéma. Le comédien s’explique sur ce Mitterrand qu’il considère à l’égal d’un «classique», et sur la manière dont il l’a interprété.
Comment Robert Guédiguian vous a-t-il présenté ce défi : jouer Mitterrand ?
En fait, je l’ai appris par le journal ! J’ai lu un article, un dimanche dans le train, sur ce projet : adapter le Dernier Mitterrand de Benamou. L’article citait trois acteurs : Piccoli, Trintignant et moi. J’ai pris cela pour une rumeur, me disant que c’était un rôle impossible. Le personnage me semblait encore trop proche, il avait fait partie quotidiennement de notre vie durant si longtemps. Peu de temps après, j’ai reçu un appel de Frank Le Wita, producteur du film, qui s’excusait pour l’article. Je lui réponds du tac au tac : «Ça me semble impossible, mais on ne peut rien dire tant qu’on n’a pas lu le scénario...» Six mois plus tard, je l’avais. Il n’était pas mal. Avec cette impression étrange que le texte avait été écrit par Mitterrand lui-même. Des choses dites à la volée, un parfum d’authenticité. Je me suis attaché à ces mots. Et Guédiguian y tenait, m’affirmant qu’il n’envisageait pas le film sans moi. Je me suis décidé pour le risque, pour Guédiguian, mais je craignais le ridicule. Je le crains toujours.
Aviez-vous rencontré Mitterrand ?
Je l’ai vu une fois, à la garden-party de l’Elysée, le 14 juillet 1981. Il venait de gagner, c’était un événement qui me concernait, même si je ne connais rien à la politique. Je l’ai vu passer à quelques mètres, et j’ai été frappé par ce masque de plâtre, ce person