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Libération
Critique

De l'or au sépia, un cheminement

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Le film tâche de restituer le roman en jouant notamment sur la couleur.
publié le 16 février 2005 à 0h36

Budapest correspondance

Une vieille place de Budapest, dorée par le soleil d'automne. «Je ne suis pas allé au lycée aujourd'hui», dit une voix off, celle du jeune György Köves, alias Imre Kertész. C'est sur la première phrase du roman que s'ouvre le film, adaptation que l'on aimerait parfois plus libre, mais mise en lumière et en scène avec talent. Lajos Koltai, chef opérateur favori d'Istvan Szabo, signe là son premier long métrage en tant que réalisateur.

Le défi était de taille : comment transposer à l'écran un roman qui n'est pas un récit de l'holocauste mais une réflexion sur la condition humaine ? Comment traduire le cheminement d'un être qui, pour survivre, s'adapte peu à peu à l'effroyable quotidien des camps pour bâtir un univers où la normalité trouve sa place, et où l'on vit parfois des instants heureux et drôles ? «Là-bas aussi, parmi les cheminées, dans les intervalles de la souffrance, il y avait quelque chose qui ressemblait au bonheur.» Des mots dignes d'un héros kantien ­ «Kant a été pour moi une révélation», dira Kertész ­ qui devient sujet et maître d'un destin que d'autres lui renient.

Jeu sur la couleur. Lajos Koltai et son chef opérateur Gyula Pados ont contourné ce problème quasi insoluble en recourant à la lumière et à la couleur. La première partie du film baigne dans un éclairage chaud et coloré, lueurs ambrées pour l'ultime repas que partage la famille Köves, avant le départ du père au service du travail obligatoire. Les juifs de Budapest, riches banq