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Interview

Imre Kertész «Nous ne voulions pas refaire "Holocauste"»

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Rencontre avec Imre Kertész, prix Nobel de littératureen 2002, qui a participé à l'adaptation de son livre «Etre sans destin» par le Hongrois Lajos Koltai.
publié le 16 février 2005 à 0h36
(mis à jour le 16 février 2005 à 0h36)

Né en Hongrie en 1929, Imre Kertész avait 15 ans lorsqu'il a été déporté à Auschwitz puis à Buchenwald. A partir de 1961, il s'attelle à l'écriture d'Etre sans destin. Publié en 1975 (traduit en français en 1997), ce roman raconte la découverte de l'univers concentrationnaire (1). Trente ans plus tard, Imre Kertész a repris son livre pour en tirer un scénario de film. Réalisée par le cinéaste hongrois Lajos Koltai, cette adaptation, montrée au festival de Budapest et, hier soir, à la Berlinale en compétition officielle, sort sur les écrans hongrois. Prix Nobel de littérature 2002, Imre Kertész, auteur également de Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas, partage sa vie entre Berlin et Budapest, et raconte avec humour cette étrange odyssée.

Comment peut-on adapter au cinéma un roman à l'ironie aussi grinçante ?

Effectivement, il est impossible de mettre en image la langue très analytique et distanciée du roman. Mais, il y a aussi une strate d'Etre sans destin tout à fait filmable, qui raconte comment une personne peut être spoliée de sa personnalité. J'ai insisté dès le début du travail d'adaptation sur le fait que nous ne voulions pas refaire Holocauste mais que nous voulions filmer l'itinéraire d'une âme. Et cet itinéraire passe par un camp de concentration.

Le film correspond-il à vos attentes ?

Oui, malgré la difficulté du sujet, Lajos Koltai a réalisé un beau film. Il ne cache rien de la brutalité des camps, mais en même temps il laisse une