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Libération

Le brasier Balsan

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publié le 16 février 2005 à 0h36

Depuis la mort d'Humbert Balsan jeudi dernier, un frisson glacé a saisi le monde fragile d'un certain cinéma parisien. Son suicide, dans son bureau, par pendaison, à l'orée d'une matinée de travail, en plein coeur de la ville et quatre étages au-dessus de son agitation, a été reçu comme une sorte de choc dont l'image, la représentation, sont encore insupportables. On ne perce jamais les secrets d'un mystère personnel et humain comme celui qui a conduit Humbert Balsan à son suicide, mais il est également impossible de ne pas chercher à lire, comprendre, interpréter la part de sens que nous adresse, peut-être, un tel geste insensé.

Tous les témoignages exprimés depuis sa disparition convergent pour dessiner Humbert Balsan en incarnation de la très rare espèce de l'homme-cinéma. Depuis plus de trente ans, toutes ses activités ont gravité autour du film : jouer (acteur dans Lancelot), fabriquer (assistant pour le Diable probablement), produire (son métier), défendre (la Cinémathèque), créer (la structure Pirates), investir (les instances du pouvoir, comme Unifrance) et, inlassablement, parler, aimer, partager le cinéma.

Il est possible que nous n'ayons pas vu à quel point, dans cet engagement toujours plus complet, Humbert Balsan se brûlait les ailes. A quel point cette vocation absolue, polymorphe et radicale, dont Balsan a voulu exprimer tous les sucs par tous les pores, portait peut-être aussi en elle son propre péril de combustion. On ne sait rien du ressort intime qui, ce mat