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Libération
Critique

La Russie passe le gay

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publié le 23 février 2005 à 0h42

Estampillé «premier film gay russe», ayant écumé les festivals gays et lesbiens aux Etats-Unis, Je t'aime toi est le premier long métrage de deux cinéastes moscovites qui ont travaillé entre clip et vidéo art. Olga Stolpovskaya (née en 1969) et Dmitry Troitsky (né en 1971) n'hésitent pas à se désigner comme les prototypes des personnages de leur film : Vera, présentatrice télé, et Timofei, golden boy bossant dans la pub. Un duo qui dit la nouvelle donne sociologique d'une Russie convertie au libéralisme globalisé. Cette engeance bobo stressée papillonnant dans une mégalopole bombardée de pubs imbéciles coexiste avec le reste de la Russie, à l'image d'Uloomji, un Kalmouk bouddhiste venu de sa province enneigée où l'on ne connaît pas l'usage de la carte Gold. Travaillant dans un zoo, sans domicile fixe, Uloomji est paré des vertus sexy du naïf. Un soir, Timofei le percute accidentellement et le recueille chez lui. Uloomji se jette à son cou sans autre préliminaire ni honte. L'hétéro Timofei est, à sa propre surprise, on ne peut plus réceptif aux charmes de l'impétueux. Sa copine Vera, d'abord agacée, finira par y trouver son compte.

Les cinéastes ont eu le plus grand mal à réaliser ce film qui n'abonde pas dans le sens de l'orthodoxie macho dominant le monde russe. Le financement a plafonné à 300 000 dollars et il n'a pas été simple de trouver des acteurs mâles acceptant de s'embrasser devant la caméra. Le Kalmouk homo est joué par un avocat sino-russe, Damir Badmaev, découvert