Linda Williams est prof de cinéma et de rhétorique à l'université de Berkeley (Californie). Depuis 1989 et la publication de Hard Core, elle a développé l'étude académique du cinéma X et de la pornographie, et en a rassemblé les meilleures recherches dans le livre collectif Porn Studies.
Comment est né le concept de Porn Studies ?
Au départ, en tant qu'universitaire, je préparais un livre sur le corps et sa représentation. Dans le cadre de mes recherches, j'avais prévu un chapitre sur la pornographie. C'est en commençant à y travailler que je me suis aperçue à quel point j'étais moi-même victime d'idées reçues sur cette question. Mon angle était celui d'une féministe très classique : j'abordais le sujet avec des réflexes comme celui de la soumission de la femme, sa transformation en objet ou la question du regard masculin unilatéral. Mais je me suis rendu compte que ces idées étaient fausses, que tout un pan du cinéma porno y échappait. J'ai découvert que le porno avait une histoire, des évolutions, une culture. Du coup, ce chapitre est devenu le coeur d'un autre travail, l'étude de la pornographie. C'est ainsi que j'ai publié Hard Core : Power, Pleasure and the Frenzy of the Visible, en 1989. A l'époque s'affrontaient des positions féministes antagonistes. Mon livre, dans ce débat, plaidait en faveur d'une étude du cinéma pornographique en tant que genre spécifique. La question centrale est celle de la représentation : comment figurer le plaisir sexuel ? C'est le fascinant dé