Gustave Massiah travaille depuis de nombreuses années sur les questions liées au développement dans les pays du sud. Ingénieur économiste, président du Crid (Centre de recherche et d'information pour le développement), il est également vice-président d'Attac. Entretien après la projection du Cauchemar de Darwin.
Quelle est votre première réaction ?
C'est un film très dur et très fort. Je l'ai ressenti, à la fois, comme une parabole et comme un réquisitoire. Je suis frappé par la lucidité et la profondeur de ce que disent les gens. Ces êtres vivent dans un monde terrible, et pourtant ils gardent lucidité et espoir. Ce n'est pas un film misérabiliste. C'est un monde qui se voit en train de finir, mais qui en même temps continue à espérer, à vivre sa vie de chaque instant.
Le réalisateur nous dit qu'il aurait pu faire la même démonstration au Sierra Leone, où les poissons auraient été des diamants, au Honduras avec les bananes, ou en Angola avec le pétrole brut... Qu'en pensez-vous ?
Ces images nous montrent le fonctionnement d'un système. Evidemment, celui-ci n'est pas voulu par un paranoïaque qui voudrait absolument que cela fonctionne comme ça. Mais c'est quand même la logique d'un système. Surtout lorsqu'on sait qu'il existe une forte corrélation entre la carte des matières premières et celle des guerres dans les pays du sud. Que la route du sida est aussi celle de la déstructuration des sociétés. Ce documentaire nous montre comment on tombe dans la misère, dans la maladie, dan