Elle a 32 ans, elle est blonde, elle est belle, et aime nager, danser, lire. Jessica Hausner, l'Autrichienne, est passée par la Filmakademie de Vienne, a réalisé, il y a deux ans, Lovely Rita, et présente son second long métrage, Hôtel, sélectionné à Cannes en mai dernier.
Pourquoi votre héroïne s'enfonce-t-elle dans le noir ?
Le film raconte une histoire universelle, et s'enfoncer dans le noir est une métaphore : ce noir peut être vu comme le côté sombre d'Irène, ou le côté sombre de sa vie. Ce noir, c'est ce qui doit être caché, ce que l'on veut cacher, ce qui ne peut pas être comblé par une réalité stricte et contrôlée. Mais c'est aussi la mort, évidemment, ce qui doit être oublié afin de vivre. Irène a perdu quelque chose, mais elle ne sait pas quoi, et une présence sombre qui ne porte pas de nom remplace cette chose, l'inconnu lui-même, tout ce qui pourrait mettre de l'ordre dans la vie d'Irène, et la faire fonctionner au mieux. C'est le monstre invisible qui se tient tapi dans le noir sur son passage.
Qu'y a-t-il au fond du noir ?
Quelle est la fin de l'univers infini ? Ce que contient le noir ? L'inconnu fait corps. Et c'est la personnalité d'Irène : ne pas aller regarder ce qu'il y a là-dedans... La vie, sa vie, est entourée, encerclée, par de l'inconnu : on peut essayer de décrire des faits, mais, dans chaque explication, il y a une chose qui conserve son secret. Ce qui n'est pas explicable... Combien de fois, j'ai voulu savoir ce qu'une personne cachait en elle uniquem