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Libération

Insurrection américaine

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publié le 9 mars 2005 à 0h54

Qu'il soit indépendant ou industriel, le cinéma américain a ceci de pratique qu'on peut s'y comparer. Le prétexte d'être français ferait presque de nous une sorte de juge autorisé : notre fière cinématographie n'a pas à rougir d'être confrontée au colosse, d'autant que, chez nous aussi, nous avons un cinéma commercial fabuleusement nul dans sa majorité et un cinéma indépendant frimeur, passionnant, caractériel, prolifique et régulièrement susceptible de chefs-d'oeuvre.

Si l'on se penche, dans ces pages, sur l'actuelle et foisonnante production indé américaine, ce n'est pas pour y débusquer l'expression supérieure d'une psyché nationale. Cela reviendrait, en miroir, à considérer qu'être français fait de nous les ambassadeurs de notre propre cinématographie et ce serait aussi vexant que s'entendre dire que le cinéma qui «représente» la France aux oscars nous «représente» réellement vous et moi...

Plus que des ressemblances, la comparaison des cinémas «indés» français et américain fait avant tout jaillir une différence catégorique, celle du contexte télévisuel dans lequel ces films émergent. Pour le dire simplement : en matière de fiction, la télé française est exécrable et la télé américaine brillante.

Depuis la vague héroïque des NYPD Blue, Dream On, Twin Peaks, My So Called Life, Profit et de nombreux autres, qui ont imposé leurs propres codes par coups d'Etat visuels et narratifs, l'histoire récente de la télé américaine pullule de productions sophistiquées dont 24 Heures, Nip