Le Cinéma du réel porte bien son nom. De mieux en mieux. En accédant à une sorte de légitimité cinématographique, les documentaires semblent s'affranchir progressivement de cette obligation de pédagogie, d'information qui en faisait parfois un genre hybride entre reportage et fiction.
Décoller. Le réel fait désormais son cinéma sans complexe. Et les films présentés au Centre Pompidou témoignent de cette licence esthétique souvent exercée sur des sujets d'actualité. Celle qui agite chacun, qui agite le monde. Reconstitutions, montages romanesques, commentaires décalés... Une apparente désinvolture formelle accompagne la question lancinante des documentaristes. Comment décoller du réel pour mieux toucher à la vérité ?
Dans le flot des 27 films des compétitions française et internationale sélectionnés par la nouvelle déléguée générale, Marie-Pierre Müller, quelques-uns semblent s'être superbement brûlés à leur propre vérité. Dans des registres différents. Du côté de l'intime et de ses désordres, on peut ranger les Deux Vies d'Eva d'Esther Hoffenberg, ou le Vieil Homme et son jardin de pierres de Parviz Kimiavi. Le premier est l'approche délicate, par sa propre fille, de la personnalité d'une mère, Eva. Un long parcours sentimental dans les méandres d'une vie aux prises avec l'Histoire et dont il ne reste que quelques mots sur un magnéto, des photos, un testament non signé, et le regard des autres. Esther écrit la légende d'Eva.
En écoutant chanter les pierres du verger de Darvich,