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Libération

Où les auteurs se mordent la queue

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Russell, Braff, Anderson, Solondz... Le point sur la «nouvelle génération américaine».
publié le 9 mars 2005 à 0h54

Los Angeles correspondance

La sortie du film de Todd Solondz Palindromes (lire page IV), tout comme celui de Wes Anderson cette semaine, ainsi que ceux de David O. Russell et de Zach Braff dans un mois, offrent l'occasion de faire une tournée des popotes du «nouveau» cinéma d'auteur américain, et de son alarmante tendance au solipsisme. Tous les sus-nommés, à part Braff, sont des créateurs de qualité faisant leurs preuves depuis six ou sept ans. Il est abusif de les mettre dans le même panier, mais beaucoup de ces encore jeunes cinéastes (Russell a 47 ans) se fréquentent, s'entraident, se rendent visite sur leurs plateaux respectifs et jouissent du soutien fidèle des mêmes acteurs et producteurs : Scott Rudin pour n'en nommer qu'un, et les gens de Fox Searchlight.

Casse-tête chinois. Le mot palindrome résume commodément l'affaire : si différents soient-ils, d'esprit comme d'envergure, ces nouveaux «auteurs» semblent tous construire des casse-tête chinois, marqueteries métaphysiques et films qui se mordent la queue. De tous, Wes Anderson est probablement le plus doué, et sa Vie aquatique la livraison qui apporte le plus de plaisir. Comme toujours, le Texan, farouchement insulaire, construit son monde à lui ; que ce soit une école comme dans Rushmore, ou la dynastie foldingue des Tenenbaum il y a deux ans. Ici c'est celui d'un Jacques-Yves Cousteau en bout de course, sorte de Radeau de la Méduse des ambitions flouées. Qui d'autre que Wes Anderson aurait eu le toupet, dans un fil