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Libération
Critique

Syrie d'absurde

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publié le 9 mars 2005 à 0h54

La Fiancée syrienne est druze, en fait. C'est une jeune fille du plateau du Golan qui s'apprête à épouser un acteur syrien, qui vit à Damas, et ce le jour de l'accession au pouvoir de Bachar al-Assad. Ces fiançailles la contraignent à quitter définitivement sa famille qui n'habite qu'à quelques mètres de la frontière, dans une région tampon devenu un casse-tête géopolitique, puisqu'elle est occupée par Israël depuis 1967 et disputée par la Syrie, et que les druzes qui y vivent y sont sans nationalité.

Au moment de distribuer ce film en France, personne ne pouvait se douter que la Syrie allait, pour de funestes raisons, revenir sur le devant de la scène politique internationale. Le film, sorti il y a quelques mois en Israël, a joui d'un bon accueil, bien qu'en langue arabe. Cette confusion est dans la logique du projet : le film d'Eran Riklis reposant précisément sur les absurdités politiques et leurs conséquences sur la vie affective. Ou comment, pris dans l'étau ultracomplexe des zones frontalières et limitrophes, des gens sans libertés sont amenés à choisir une vie contre une autre, définitivement.

Eran Iklis, dans sa note d'intention, parle d'un état d'«opsimisme» propre au Proche-Orient, mélange fou d'optimisme aveugle et de pessimisme désarçonnant. C'est bien vu, comme constat tout comme angle d'approche. Le film vacille effectivement à son tour entre les deux, traitant sur le ton de la tragi-comédie une situation désespérante. Film préoccupé sur une région occupée, il lu