Cette famille allemande est charmante. Il y a d'abord Hans-Jörg, un obsédé sexuel, petit, moche et suant, qui profite de son emploi de bibliothécaire pour mater les filles dans les toilettes. Faut dire que les étudiantes ressemblent aux top models Claudia Schiffer ou Heidi Klum. Il y a le frère aîné, Werner, un Grünen (écolo) qui a atteint la position confortable de secrétaire d'Etat chargé des consignes de cannettes. Grosse baraque, femme au foyer en bronzette permanente, chien, chauffeur et deux enfants. Derrière cette normalité, la vie craquelle : grève sexuelle de l'épouse, harcèlement vidéo du fils qui le pourchasse jusque dans l'intimité la plus sordide. Enfin, il y a la lumineuse petite soeur, Agnès, personnage sorti de l'Année des treize lunes de Fassbinder. Mise à la porte par son ami jaloux, elle trouve refuge chez une femme d'âge mûr plongée dans la solitude, et finit par revoir le grand amour de sa vie, un chanteur noir américain.
Et voilà Agnès et ses frères (Agnes und seine Brüder, titre original du film) en route pour rendre visite à leur vieux papa. Sous ses dehors de hippie, l'animal se révèle ultradominateur, voire abusif la question est laissée en suspens et diversement interprétée par les frères jusqu'au dénouement, plus absurde que fatal.
Sentimental hardcore, le cinéaste Oskar Roehler dépeint avec une rage désopilante cette société borderline, capable de basculer dans la folie et le carnage à chaque séquence. Dans son précédent film, Die Unberührbare, R