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Critique

La cause indienne en docs

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La Canadienne Alanis Obomsawin saluée à Créteil.
publié le 16 mars 2005 à 0h59

«J'aime le Canada, mais je suis une Abenakise.» Yeux et cheveux de jais, fine silhouette miniature, Alanis Obomsawin évoque pourtant plus une version sophistiquée de la squaw glamour made in Hollywood que l'image qu'on se fait d'une «vraie» indienne. Devant elle, il faut rhabiller ses stéréotypes. Cette jolie femme inflexible s'est imposée comme cinéaste en devenant, dès les années 70 et sous les couleurs de l'Office national du film de Montréal, la grande documentariste de la cause indienne. Créteil lui consacre une rétrospective regroupant onze de ses vingt documentaires, et présente, aujourd'hui, un de ses derniers films, la Survie de nos enfants. Où elle revient, en 2003, à Restigouche, sur les lieux d'un affrontement retentissant ayant opposé, en 1981, les autorités du Québec à une communauté Micmac qu'elles entendaient priver de ses droits de pêche.

Aux Français, solidaires de leurs cousins «brimés» par les anglophones, les films d'Alanis Obomsawin révèlent un autre versant de la mentalité québécoise, qui ne lésine pas sur les brimades à l'égard des peuples autochtones. On est saisi de découvrir, dans ses documentaires, le racisme, le mépris, les abus de droits et l'hystérie coercitive dont les Indiens (en tee-shirt et en voiture, guère folkloriques) n'auront cessé de faire l'objet dans le Canada de la seconde moitié du XXe siècle. Le statut des habitants des réserves continue à saper leur système de parentèle, introduisant des ségrégations schizoïdes au sein même des c