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Libération
Critique

Douleur d'Irlande

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«Omagh», docu-fiction sur l'attentat le plus meurtrier de l'histoire de l'Irlande du nord.
publié le 23 mars 2005 à 1h06

Le 15 août 1998, à Omagh, des couples profitent de la chaleur estivale pour faire les boutiques. Dans Market Street, artère commerçante, des enfants descendent d'un car scolaire. A 15h10, l'explosion d'une voiture tue 29 personnes, en blesse 250 autres. Les poseurs de bombe avaient prévenu une chaîne de télé locale par un appel anonyme une demi-heure plus tôt, mais il y eut méprise : le Royal Ulster Constabulary (RUC), police provinciale, a fait évacuer une autre rue. Au lieu de s'éloigner du danger, la foule s'en est rapprochée.

Omagh, de Pete Travis, revient sur l'attentat le plus meurtrier d'une histoire qui ne manque pas de bains de sang, un massacre commis alors que le conflit entre catholiques et protestants semble toucher à sa fin. L'accord de paix dit du «vendredi saint» a été signé quatre mois auparavant. «Je croyais que tout ça était fini!» s'écrie un habitant éberlué. Tourné caméra à l'épaule, fruit d'une longue étude, nourri de témoignages, c'est un documentaire-fiction, qui fait écho à Bloody Sunday, film sur la tuerie de Derry en 1972, réalisé il y a trois ans par Paul Greengrass. Ici Greengrass n'est que producteur et scénariste, mais on retrouve sa patte.

Dans les deux cas, les familles des victimes ont été étroitement associées au projet et la reconstitution minutieuse met en doute la vérité officielle. Dans Omagh, le réalisateur dénonce l'attitude des services de sécurité. L'attentat a été revendiqué par l'IRA véritable, dissidents républicains opposés au pro