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Libération

«J'ai perdu un fils»

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publié le 30 mars 2005 à 1h13

Le Caire correspondance

Youssef Chahine sourit, mais il y a un comme un mauvais pli au coin de sa bouche. Il tire longuement sur sa cigarette. Il ne réalise pas. «Quand j'étais à l'église, à côté du cercueil, je n'étais pas triste, car je ne pouvais pas croire qu'Humbert était parti. Et pourtant...» Six semaines après la disparition d'Humbert Balsan, il y a quelque chose de cassé chez Chahine. Une tristesse énorme, qui, d'un coup, déferle. «Il se foutait de moi, parfois, il me faisait de grands discours en roulant les r, comme je le fais. Et ça nous faisait rire. Humbert était unique, tout le contraire d'un péteux. Humble et d'une élégance toute française.» Quelques jours avant que le producteur ne mette fin à ses jours, les deux hommes s'étaient téléphoné, et Chahine lui parlait de son nouveau projet, qu'ils allaient lancer tous les deux, comme à l'accoutumée. «On va continuer, avec sa femme, avec ses enfants.»

Sur la scène du centre culturel français du Caire, qui rendait fin février un hommage à Balsan, Chahine peine à articuler ses phrases, un gros noeud dans la gorge, et le coeur au bord des cils : «Quand il a reçu sa Légion d'honneur à Cannes, Humbert Balsan a fait un discours où il me comparait à son père. Aujourd'hui, c'est donc un fils que j'ai perdu.» Pour la tribu Chahine, la mort de Balsan est un choc. Marianne Khoury, réalisatrice, productrice et nièce de Youssef Chahine, raconte les débuts de leur collaboration : «On était assis au café d'un hôtel à additionner d