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Libération
Critique

«Va, vis...» et verse ta larme

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Les trois étapes de la vie d'un réfugié africain en Israël.
publié le 30 mars 2005 à 1h15

Chose peu commune pour une projection de presse dans une petite salle, une partie de l'assistance a applaudi le générique final. En y regardant de plus près, on distinguait, quelques instants avant le dénouement, plusieurs personnes qui essuyaient une larme. Du coup, quiconque ferait la moue devant Va, vis et deviens pourrait passer pour un monstre. Et pourtant... La saga de Shlomo est loin d'être exempte d'imperfections : trop longue, trop lacrymale, trop illustrative.

Certes, le Français d'origine roumaine Radu Mihaileanu ne manque ni de bonne volonté, ni d'ambition ; mais, là où son deuxième film, Train de vie, qui l'avait révélé en 1998, savait compenser la gravité par l'humour (des Juifs d'Europe centrale organisant leur propre déportation pour échapper aux camps de la mort), seul le pathos a ici droit d'écran. Et ce dès les premières images, exposé didactique de l'opération Moïse qui, en 1984, avait consisté à emmener des Juifs éthiopiens, les Falashas, menacés de mort, vers Israël. Aussitôt après, la fiction se substitue à la réalité à travers le cas d'un jeune réfugié africain et chrétien à qui on fait endosser l'identité d'un garçonnet juif et qui, établi dans une brave famille laïque à Tel-Aviv, découvre le racisme, l'intolérance, les préjugés et, d'une façon générale, les tensions de la société israélienne.

Pour asseoir son discours, Mihaileanu découpe le scénario en trois parties ­ espacées de quelques années ­, ainsi que le surligne, là encore sans finesse, le tit