On apprenait vendredi qu'Adama Doumbia, l'acteur principal de la Blessure, avait été arrêté à la gare du Nord après un contrôle d'identité (1), alors qu'il n'avait sur lui aucun récépissé l'autorisant à résider sur le territoire français en tant que demandeur d'asile (Libération des 2 et 3 avril). La Blessure est un film parti de loin, de la nuit des zones d'attentes de l'aéroport de Roissy, des salles sans humanité où sont réacheminés les demandeurs d'asile, des squats où ceux qui se sont réfugiés en France pour échapper à la guerre ou au chaos finissent par se terrer pour échapper à une reconduite à la frontière.
La Blessure n'est pas un film documentaire. Il est en même temps difficile, et l'arrestation d'Adama Doumbia vient le souligner, de le qualifier de «fiction». C'est un film comme le cinéma n'en a pas vraiment produit depuis l'Argent de Bresson, en 1983, ou du moins depuis le précédent film de Nicolas Klotz, Paria, il y a trois ans, tourné avec des clochards. C'est-à-dire une oeuvre réfractaire et absolue qui s'oppose à la loi, à la logique purement policière ou administrative, par sa force de caractère dans la mise en scène, dans l'écriture même, et par un degré de présence du corps à l'image qui semble n'avoir pas peur d'entamer un impressionnant bras de fer avec toute machine de pouvoir.
Silence et solitude. Le film recouvre le trajet de Blandine (Noella Mobassa, actrice à la présence surpuissante), blessée à la jambe après son interpellation par la police des fro