L'an passé, le festival du cinéma indépendant Némo a donné un coup de barre radical, se recentrant avec succès sur les nouvelles images expérimentales. Assumant son rôle de poisson pilote dans un secteur ignoré par le cinéma traditionnel français (exception du Festival du court de Clermont-Ferrand et de sa section labo), Némo sonde les nouvelles formes de création numérique et les images innovantes : de la 3D au clip, de la vidéo d'art au motion graphics, du Net-art à la scène démo, du Vjing au machinima (animations réalisées dans les moteurs de jeux vidéo). Autant d'objets mutants qui puisent dans toutes les disciplines, esquissent de nouvelles écritures, comme le vertigineux 366 Days, mêlant captures de jeu vidéo et effets visuels... C'est «la continuation du cinéma par d'autres moyens», selon la formule du directeur artistique, Gilles Alvarez.
Esprit éclectique. «Les protagonistes ont grandi avec une souris dans la main, fréquentant une cinémathèque intime dont la toile blanche est un écran de dix-sept pouces. Ils ne viennent pas du cinéma mais finissent souvent par en faire», constate-t-il. Comme Tomek Baginski, fils de pub, qui a réalisé l'animation 3D culte, The Cathedral, de A à Z sur son ordinateur, le soir après le boulot. Le talentueux Polonais est représentatif de ce cinéma débrouillard et bricoleur, autoproduit la plupart du temps. Son nouvel opus grinçant d'humour noir, Fallen Art, recèle d'ailleurs une superbe idée de cinéma. Outre les expérimentations formelles