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Libération

Le Mercato universel

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publié le 20 avril 2005 à 1h50

Les sélectionneurs et le délégué général du Festival de Cannes ne doivent plus simplement composer chaque année un programme de choix : ils doivent encore savoir le «présenter» de la façon la plus appétissante possible lors d'une conférence de presse officielle (elle s'est tenue hier, page VII) et ils doivent aussi extraire de cette sélection une «couleur», en livrer une «note», en donner une définition globale et provisoire qui emballe la marchandise et lui fait afficher une cohérence conceptuelle qui n'a pas forcément présidé à son élaboration.

Thierry Frémaux, sélectionneur en chef de la prestigieuse manifestation, a proposé hier ce qu'il a lui-même nommé «une métaphore footballistique», pour rassembler sous une même oriflamme les grands noms qui jalonnent son programme 2005: «Ce sont des galactiques !» Van Sant, Wenders, Von Trier, Jarmusch, Cronenberg et autres consorts illustres n'ont, il est vrai, pas grand-chose d'autre en commun que la notoriété de leur nom et le pouvoir qu'il leur confère, à l'image des stars disparates du Real Madrid. Pouvoir qui, symboliquement du moins, produit en effet des phénomènes comparables à celui d'une marque : le logo Van Sant, le label Wenders et le sigle Von Trier tracent autant un alignement de planètes glorieuses dans la galaxie des auteurs qu'ils dessinent une allée du grand centre commercial où se consomment les objets de la pop culture contemporaine. Il ne s'agit pas de déplorer ce glissement mais de le constater : dans nos raison