C'est un film de bruns. Des types foncés, mats de peau, mal rasés. Pas très nets. Les filles aussi sont des brunes. Méditerranéennes, Arméniennes ou Chinoises. Poilues. Le tout jeté à la diable dans un chaudron parisien bien connu mais rarement filmé : le Sentier. Fief historique de la confection juive peu à peu gagné, puis vaincu, par d'autres populations déplacées et exploitées : Chinois, sikhs, Turcs, Arméniens, Roumains, Pakistanais, Maliens. Bonne idée que d'aller fourrer sa caméra là-dedans, non pas pour essayer de comprendre et de maîtriser, mais au contraire se laisser aller, dériver même, pour adapter le romanesque d'une histoire au tempo de ce quartier en perpétuel mouvement. De fait, l'image tangue, accrochée à la noria des portefaix, et la bande-son klaxonne comme un concerto d'avertisseurs.
Les Mauvais Joueurs est un film français, c'est-à-dire métis, garé en double file, ses warnings allumés, frisant sans cesse la contredanse. Qu'est-ce qu'un mauvais joueur ? Un râleur qui n'aime pas perdre bien qu'en général il ait copieusement triché. Le film de Frédéric Balekdjian est dans cet état d'humeur sombre. Aux alentours de Noël, Vahé Krikrian, beau garçon (Pascal Elbé), vient d'être abandonné par sa fiancée Luan (Linh Dan Pham). Son père, grossiste en tissu, va bientôt baisser le rideau, et ses copains de combines, Sahjak et Toros (Simon Abkarian et Isaac Sharry), pataugent dans des arnaques misérables (genre bonneteau). De quoi se prendre en grippe en effet. Les lar