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Libération
Interview

«Du Pialat avant la lettre»

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Antonin Liehm, à l'occasion d'une rétrospective à Paris, parle du cinéma tchèque des années 60 :
publié le 4 mai 2005 à 2h03

Antonin Liehm, 81 ans, codirigeait la Gazette littéraire à Prague dans les années 60, hebdomadaire phare du renouveau tchèque. Il y tenait la chronique cinéma, et a accompagné les films de Forman, Menzel, Chytilovà, Passer, que le Cinéma des cinéastes permet de redécouvrir lors d'un programme d'une trentaine d'oeuvres. Retour sur un moment clé, oublié, de l'histoire du cinéma.

La situation du cinéma tchèque à la fin des années 50 ?

Un cinéma d'Etat avec de grands studios. En 1946, le cinéma est nationalisé ; en 1948, premier Lion d'or à Venise, pour la Sirène. Ensuite, le couperet tombe, sept ans de stalinisme : le cinéma devient un objet de propagande, communiste et nationaliste. Ce n'est qu'à la fin des années 50 que le dégel poststalinien se fait sentir, et qu'on retrouve à Prague l'esprit des années 20, quand les liens avec Paris et Berlin étaient si forts.

Comment intervient ce dégel dans le cinéma ?

Le dégel a eu une puissance multipliée car on a raccordé le présent avec le passé. Et il y avait de l'argent... La production cinématographique se divise alors en six «groupes de production» : dans chacun 4 ou 5 films par an sont produits, moins centralisés et contrôlés. L'autorité vacillante de la politique laisse place à un «gruyère» dont profite le cinéma.

La Gazette littéraire suit le mouvement...

Devant le nombre et l'intérêt des films, j'ai décidé de consacrer ma chronique exclusivement au cinéma tchèque. On y voyait débouler régulièrement de nouveaux «cousins». En exergue