Michel Subor, 70 ans, porte sur son corps une mémoire du cinéma, du Petit Soldat de Godard à Sauvage innocence de Garrel en passant par Blain, Truffaut, Gégauff ou Zulawski. Dans l’Intrus, il est massif et profond, doré et mystérieux. Impressionnant.
Le livre. «Un jour, Claire Denis m'a dit : "Tu vis dans la nature, il faut que je te trouve un mec comme ça..."» Elle a lu l'Intrus, de Jean-Luc Nancy : cet homme qui nage, vit à la campagne, confronte son corps à la nature et à ce qui est étranger en lui. C'est comme ça qu'on est parti, pas plus, pas moins. J'ai lu le livre, pas facile, impalpable, une quarantaine de pages, mais fort sur ce qu'il a ressenti lors de sa greffe du coeur. Comme c'est un marginal, Claire a choisi des endroits à la marge, hors du monde : des frontières, des archipels. Et on est parti tourner là. Le Jura, par exemple, c'est sauvage, beau, il n'y a personne. Moi aussi je vis dans la nature, près de Bordeaux, avant c'était en Sologne.
Corée-Polynésie. «On a voyagé, c'était dans le projet. La Corée d'abord, où le personnage de Trebor se fait changer son coeur : on peut tout acheter en Corée, on sait pas d'où ça vient, mais ça vient... Après, la Polynésie où j'avais déjà été, il y a trente ans, avec Paul Gégauff pour son film le Reflux. C'est un endroit qui a fasciné des artistes qui n'ont jamais pu s'en remettre, jamais pu en revenir. On est resté deux mois à Papeete et aux Tuamotu. C'était magique, presque trop, on a envie d'y rester, mais alors il faut é