Steven Soderbergh est décidément un type aussi passionnant qu'inquiétant. Cinéaste verni dès sa jeunesse, il a butiné avec succès de la grosse production au petit budget, cultivant une drôle de fibre pour un cinéma populaire à l'ancienne, dont son goût du remake est le symptôme, en même temps qu'une appétence très fascinée pour le cinéma comme machine formelle de la modernité.
Palme d'or à 26 ans pour Sexe, Mensonges et Vidéo, pluie d'oscars à 37 pour Erin Brockovich et Traffic, triomphe globalisé à 43 avec Ocean's Eleven et Twelve : tel pourrait être le résumé de sa trajectoire, trop simple, trop belle, trop rapide.
Steven Soderbergh est aussi producteur. Avec son ami George Clooney, il a fondé en 1999 la compagnie Section Eight, qu'un contrat d'exclusivité lie à la Warner. Leur ambition ? «Recréer les jours fastes du Hollywood de la fin des années 60, début des années 70, lorsque des cinéastes novateurs comme Coppola ou Kubrick travaillaient sans la contrainte des directeurs de studio.» (1) Là encore, des succès et quelques fours, mais un premier couac sévère l'été dernier, lorsque Soderbergh vire personnellement un «proche ami», Ted Griffin, du tournage qu'il lui avait confié : Rumor Has It, avec Jennifer Aniston en tête d'affiche. C'était la première réalisation de Griffin, coscénariste d'Ocean's Eleven. Agissant sous les pressions de la Warner et de l'actrice, «inquiète», Soderbergh l'a débarqué et remplacé par le solide laboureur Rob Reiner. Cette affaire a constitué «un