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Libération
Critique

«Frères de sang», la grosse artillerie

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Un blockbuster hystérique sur la guerre de Corée.
publié le 11 mai 2005 à 2h08

Il y a peu de pays dont le cinéma commercial est le reflet, avec une telle ferveur obsessionnelle, des traumas politico-historiques qui hantent une population. La guerre de Corée (1950-1953) et la séparation durable entre Corée du Sud et Corée du Nord demeurent des plaies vives dans la conscience collective. Souffrance et mal-être que labourent jusqu'au délire masochiste nombre de films, dont ce blockbuster hystérique qui, en plongeant deux frères dans ce conflit armé qui fit 5 millions de mort, a pulvérisé le box-office coréen en 2004 avec onze millions d'entrées (talonné par un autre champion : Silmido, de Kang Woo-suk, encore inédit ici, sur une unité d'élite de l'armée sud-coréenne entraînée pour assassiner Kim II-sung, le père de l'actuel dictateur, Kim Jong-il). La marque de fabrique de ce cinéma tel qu'appréhendé par le public occidental s'apparente à un haut-le-coeur devant une violence caricaturale (Old Boy, The Coast-guard, JSA...) en même temps qu'une fascination pour cette manière exhibitionniste de se taper énergiquement et en public la tête contre les murs.

Kang Je-gyu avait commencé, avec Gingkobed (1996), par surfer sur la vague des films de fantômes qui s'empara de l'Asie dans les années 90, avant d'exploser le box-office avec Shiri (1999), polar mal fagoté autour d'une menace terroriste orchestrée par une unité d'élite du Nord, qui inaugurait le concept de grosse production coréenne à visée mondiale.

Avec Frères de sang (Taegukgi en vo, du nom du drapeau coré