Los Angeles correspondance
Pratiquement tous les films de Gus Van Sant ont une vie antérieure une idée de ce que cela devait être, de ce qu'il voulait que ce soit. Qu'il ait pour point de départ un livre (Drugstore Cowboys, Cowgirls) ou un événement (Columbine, Cobain), il y revient constamment pour expliquer certaines images, même s'il a tout fait pour s'éloigner du point de départ. Ainsi des derniers jours de Kurt Cobain, qu'il s'arroge le droit de prendre comme sujet de fiction («puisqu'on ne sait rien de ces derniers cinq jours»). Or, il en montre moins qu'il en sait. De Cobain s'échappant d'une clinique de désintox à Los Angeles, ne reste plus que le bracelet plastique, inexpliqué, donc mystérieux. De la cavale ensuite jusqu'à Seattle et à sa propriété, rien : le garçon apparaît dans la forêt, juste un corps dans la nature. On le suit trente minutes avant que les premiers mots soient prononcés. Et il ne s'appelle pas Kurt, mais Blake. «A l'origine, il se défilait à l'arrivée de toute personne intrus, amis. Il ne parlait jamais. Ensuite, on s'est un peu attardé sur les autres personnages. A l'origine, on suivait Blake de dos, comme les étudiants dans Elephant. A l'arrivée, on a fait autre chose.»
Gus Van Sant a tourné dans une immense maison en pierre noire, propriété en mauvais état près de l'Hudson, pas très loin de l'académie militaire de West Point. «On a demandé aux nouveaux propriétaires de la maison de Cobain s'ils accepteraient qu'on filme chez eux. Ils y ont r