Menu
Libération
Critique

«Lemming» de folie

Article réservé aux abonnés
En ouverture, Dominik Moll examine au scalpel une société obsédée par le contrôle.
publié le 11 mai 2005 à 2h08

Huit minutes. Il faut huit minutes à Lemming pour en arriver au point de saccage sur lequel s'achevait Harry, un ami qui vous veut du bien, le deuxième long métrage de Dominik Moll. Saccage du petit couple bourgeois et cool, du petit confort, des petites assurances sur la vie, toute cette abomination moderne. Ces huit minutes-là ne sont pas les premières du film, elles sont précédées d'un introït bizarroïde, où des hommes en costume sombre font la démonstration d'un nouvel avatar des moyens infinis que se donne la société de surveillance et du contrôle pour parer à l'accident : un petit hélicoptère gros comme un coléoptère se montre capable de filmer la moindre fuite d'eau. Ce qui reste à voir. Puisque tout le film, parti de ça, sera fuite d'eau, engorgement, écoulement, parano, fantasme, écran. Le risque zéro n'existe pas.

Alain Getty (Laurent Lucas, normalisé) est le concepteur d'un petit oeil volant qui espionne tout. Quand il rentre chez lui, cet ingénieur qui se sent pousser des ailes peut se dorloter auprès de sa petite femme (Charlotte Gainsbourg) et attendre la venue pour souper de son vénéré patron (André Dussollier, décrit plus tard comme un «homme à pute») et de sa mystérieuse épouse, Alice (incroyable Charlotte Rampling). Laquelle est manifestement déjà passée derrière le miroir, à en croire son allure de spectre en tailleur dur portant lunettes noires fumées.

Au vitriol. Depuis la Mort dans l'Orphée de Cocteau, on n'avait pas vu représentation plus élégante et réf