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Libération
Critique

Reygadas une beauté monstre

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publié le 11 mai 2005 à 2h08

Lors du Festival de Cannes 2002, Japón, premier film d'un cinéaste mexicain de 30 ans, Carlos Reygadas, fait sensation. Film monstre, alliant art brut et esthétisme sophistiqué, il propose à ses spectateurs les plus enivrés deux heures de divagations au milieu des cactus et des montagnes du nord du Mexique, forme ultrasensible captant aussi bien l'exaltation que la décrépitude de ses héros hébétés. Après une caméra d'or à Cannes, le film sort en France en janvier 2003, divisant la critique mais attirant près de 100 000 spectateurs. Il est montré dans plus de vingt-cinq pays, avec une réception très positive, «parfois trop, dit Reygadas en rigolant, car il ne faut rien exagérer, c'était un premier film. Ou alors ce fut un refus total, les gens s'ennuyant profondément. C'est toujours intéressant de diviser ainsi, ça crée le débat». Le film a aussi été projeté par le cinéaste dans le village de montagne reculé où il a été tourné, Ayacatzintla, dans l'Etat d'Hidalgo. «Ce fut une belle nuit, reprend Reygadas. La vieille femme qui joue dans Japón est tombée dans mes bras à la fin.» Cette vieille est désormais presque morte, survivant avec peine à une hémorragie cérébrale.

Autre deuil, déjà accompli celui-là, comme si Japón était maudit : la mort d'Alejandro Ferretis, l'acteur principal du film, sauvagement assassiné en mai 2004. Ce fut une année très dure pour Reygadas : «Alejandro est mort, mais aussi deux autres amis proches.» Il semblerait que l'assassinat de Ferretis soit un pa