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Libération
Interview

«Moi, je reste pessimiste».

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publié le 13 mai 2005 à 2h10

«Je ne connais pas mon année de naissance exacte, je sais que je suis né un 19 novembre à 16 h 30. Mon frère l'a noté. Mes parents avaient autre chose à penser que se souvenir de ça. Bienvenue à toi, et voilà !

Cette sélection à Cannes, je la vois comme l'obtention d'un visa pour un cinéma interdit, celui des Kurdes. Ça y est, il existe officiellement.

Si les Irakiens reconnaissaient les Kurdes comme égaux, j'accepterais d'être considéré comme un cinéaste irakien. Pour l'heure, je suis un cinéaste du Kurdistan irakien.

Je ne me sens pas chargé d'une mission et l'héroïsme ne m'intéresse pas. Mais le problème kurde, qui aurait dû être résolu il y a deux siècles, ne l'est toujours pas...

J'espère faire passer plus qu'un message politique, et j'ai en tête des projets sur la gastronomie, l'amour ou la femme...

Mon film a un parti pris pro-intervention en Irak : nous, les Kurdes, n'avions pas le luxe de débattre de l'impérialisme américain, de choisir nos libérateurs ; c'était une question de vie ou de mort.

J'ai tourné au Kurdistan irakien, alors qu'avant je tournais en Arménie les scènes censées se dérouler dans mon pays.

J'ai eu du mal à louer une caméra, à trouver de la pellicule, puis à envoyer les négatifs au laboratoire à Paris, parce que je tournais au Kurdistan.

J'ai découvert des gens très optimistes, du quidam à l'intellectuel. Ils ne parlent que reconstruction et se refusent à envisager qu'on nous laisse encore tomber. Moi, je reste pessimiste.

Pour jouer les militaires irakien