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Libération
Critique

«Keane», chasse à l'âme.

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publié le 14 mai 2005 à 2h10

Attendre. Epier. Se terrer, se chercher, guetter, laisser monter l'intuition, ne se fier qu'à elle, attendre et attendre encore, refaire le même trajet, les mêmes gestes. L'heure viendra, fatalement, où l'homme qui a enlevé six mois plus tôt dans la gare de New York la petite fille de William Keane retournera sur ses pas, et William Keane saura alors le reconnaître. De cela, il est certain. Il ne l'a jamais vu, il ne sait pas même à quoi il peut ressembler, tout s'est passé si vite, mais il y aura bien quelque chose, une attitude, un détail, qui trahira l'enleveur d'enfant. L'instinct ne ment pas.

Ravage. Alors, tous les jours, aux mêmes heures, William Keane revient zoner dans les mêmes endroits pourris d'une gare pourrie, habité par un sentiment d'horreur, de ravage et de haine. Ses journées sont sensiblement les mêmes : revenant de la gare routière de Porth Authority, il négocie avec le taulier de son hôtel une avance de huit jours sur le paiement de sa chambre, huit jours de plus afin de le retrouver... Après quoi, il entre dans un grand magasin quelconque pour acheter des vêtements d'enfant, taille 7 ans. Puis il se trouve deux sachets de cocaïne qu'il s'en va sniffer dans le couloir pisseux d'un immeuble dégradé, non loin de la gare, avant de retourner sur son terrain de chasse, chargé à bloc. Pour mieux lui bousiller la gueule, pour le capturer, pour la libérer, l'absente.

Dix ans après avoir été désigné par la critique comme le petit surdoué de Sundance, lorsqu'il débo